Égalité filles garçons

France 3 Région "J'ai découvert les parties du corps qu’on n’a pas le droit de toucher" : comment les lycéens apprennent les bases du consentement

Par Estelle Furodet, publié le vendredi 28 novembre 2025 14:35 - Mis à jour le vendredi 28 novembre 2025 17:27
Lors d'un atelier organisé au lycée, des élèves de terminales ont plongé dans des scènes réalistes de soirées. Ils ont débattu, réagi et découvert les règles du consentement à l'aube de leur vie d'adulte. Un atelier pensé pour prévenir les violences

Faux cocktails à la main dans un bar reconstitué, des élèves d'une classe de terminale de Bagnols-sur-Cèze (Gard) ont plongé dans des situations inspirées de soirées réelles pour comprendre, ensemble, comment reconnaître — et respecter — le consentement. Cette immersion est le point d’orgue d’une journée spéciale consacrée à la prévention des violences sexistes et sexuelles au lycée Albert-Einstein.

Un faux bar pour discuter de situations festives

Dès le début de l’atelier, un scénario interpelle les élèves. Un lycéen plante le décor : "Pendant un jeu d’alcool, Sacha a comme gage de devoir embrasser Lou. Elle n’a pas envie, se fait huer par les autres et accepte." Les enseignantes, qui jouent les serveuses, les invitent à réagir, à débattre, à questionner ce qui se passe.

Un autre lycéen pointe une dérive fréquente : "En général, au début, on dit : est-ce que vous êtes d’accord ? Mais bon, pendant le jeu, si elle se rend compte que son partenaire est moche, elle n’a pas envie, c’est vrai que c’est moyen."

Derrière ce cadre ludique, il y a un objectif clair. Amélie Horn, professeure de SVT formée à l’Evars, l'Éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, rappelle l’urgence du sujet : "En France, il y a 100 000 agressions par an d’étudiants, dont 50% qui arrivent les trois premiers mois." Elle explique le choix du dispositif : “Nous avons voulu faire cette animation qui traite du consentement en milieu festif. Nous avons complètement recréé un bar et le but c’est de présenter des situations aux élèves et de voir ce qu’ils peuvent en dire.”

Elle insiste sur la finalité : “L’objectif est d’échanger avec eux et de leur donner des clés pour justement savoir comment réagir lorsque cela leur arrivera.”

Des règles concrètes pour éviter les zones grises

Pour certains élèves, les découvertes sont nombreuses. Kais Boutaib, en terminale, confie : "Par exemple les parties du corps qu’on n’a pas le droit de toucher." Il précise, surpris : "Par exemple, l’intérieur des cuisses." Il observe que ces gestes arrivent parfois sans intention claire en soirée : "Dans les soirées, des gens dansent ensemble et sans le faire exprès, on peut toucher donc c’est bon de le savoir."

À ses côtés, Sanjay Renig voit l’exercice comme un apprentissage essentiel : "C’est important d’en connaître les fondements pour pouvoir bien réagir." Il rappelle une règle fondamentale : "Par exemple dans des situations où il y a de l’alcool, où le consentement n’est pas forcément clair, il n’est pas forcément donné."

Et, surtout, l’indispensable repère : "Un non, c’est un non et une hésitation, c’est toujours un non." Une journée complète de prévention avant le départ du lycée.

L’atelier bar n’est qu’une partie du programme. Au lycée Albert-Einstein, des expositions et des stands d’information complètent cette journée destinée à tous les élèves de terminale. La cantine joue même le jeu, en servant un menu violet, couleur symbole de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

Préparer les élèves à la vie d’adulte

Pour la sous-directrice, Nathalie Roux, cette action tombe à un moment décisif : “Nous sommes sur la dernière année, quelque part dans un cocon du lycée.” Elle ajoute : “Ils vont s’envoler vers d’autres destinées, d’autres espaces géographiques, d’autres espaces sociaux.” Elle résume l’objectif : “Nous avions envie de leur donner des codes.”

Avec ce faux bar et ces mises en situation, le lycée cherche à armer les jeunes pour leurs futures soirées étudiantes. Les enseignants veulent faire tomber les non-dits, clarifier les zones grises, et rappeler que chacun peut dire non, à tout moment. Une règle simple, martelée tout au long de la journée : un consentement doit être clair, libre et enthousiaste.

Publié le27/11/2025 à 18h46

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